L’Institut universitaire du Sud : un engagement en faveur du développement durable

YAO GNABÉLI Roch
Sociologue, Université Félix Houphouët-Boigny & Institut universitaire du Sud (Côte d’Ivoire)


ARDD-1-2021 – Développement durable : recherches en actes

Éditorial


Pour citer cet article

YAO GNABÉLI Roch : « L’Institut universitaire du Sud : un engagement en faveur du développement durable », Actes de la recherche sur le développement durable, n°1, 2021.
ISSN : 2790-0355 (version en ligne) — ISSN : 2790-0347 (version imprimée)
URL : https://publications-univ-sud.org/ardd/2021/12/464/
DOI : (à compléter)


Texte intégral

L’Institut universitaire du Sud, un engagement en faveur
du développement durable

par Roch YAO GNABÉLI

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L’institut universitaire du Sud (Univ-Sud) se définit comme un projet d’innovation à fois au plan institutionnel, scientifique, pédagogique et social. Ainsi, l’Univ-Sud est un centre de recherche, de formation et de renforcement des capacités sur le développement durable, les innovations, le management, l’entrepreneuriat durable, les rapports à l’environnement, la gouvernance des projets de développement local et la conduite des transformations sociales. L’institut travaille également à la promotion d’une synergie des acteurs du développement à l’échelle locale, notamment dans les collectivités locales. Alimenté par des résultats de recherche, ce projet de synergie des acteurs est une manière concrète et opérationnelle de favoriser l’appropriation et l’opérationnalisation des recommandations issues de la recherche scientifique.

Le projet institutionnel

L’innovation institutionnelle au sein de l’Univ-Sud (en tant qu’institution privée de type universitaire) consiste à associer à la fois la formation de type académique, la recherche scientifique pluridisciplinaire, les publications scientifiques, le renforcement des capacités des acteurs de développement et un cadre de complémentarité et de collaboration impliquant les chercheurs, les décideurs et les acteurs de développement local. C’est sur cette base que l’Univ-Sud comporte : i) un dispositif de formation diplômante privilégiant la professionnalisation et l’acquisition de compétences en lien avec les défis d’un  développement durable, la capacité d’innovation et de créativité des étudiants ; ii) le Center for innovation and capacity building (CICAB) en tant qu’outil de conception et de mise en œuvre des programmes de renforcement des capacités des acteurs de développement ; iii) le centre de recherche sur le développement durable et les innovations (CREID) ; iv) la revue Actes de la recherche sur le développement durable (ARDD) en tant support de diffusion des travaux de recherche et des expériences novatrices au regard des défis liés au développement durable ; v) le projet « synergie des acteurs locaux du développement » en tant qu’espace social de co-construction d’un développement durable par des acteurs inscrits dans un même territoire ou partageant une même ressource.

Le projet scientifique

Il s’agit ici d’une ambition prenant appui à la fois sur le développement de la recherche, la diffusion des produits de la recherche et la collaboration entre chercheurs du « Sud » et ceux du « Nord ». Cette collaboration est visible dans la conduite du dispositif pédagogique, dans la gestion de la revue ARDD et dans la composition du conseil scientifique de l’institut. Au plan scientifique, les analyses proposées par l’Univ-Sud, pour chaque situation étudiée, repose sur le point de vue de la totalité, le point de vue de l’interdépendance des facteurs et des dimensions de la situation. Ce positionnement se fonde sur le fait que dans le contexte ivoirien, rares sont les institutions de recherche dédiées principalement à la réflexion scientifique pluridisciplinaire et systémique sur les conditions sociales, environnementales, économiques, culturelles, du développement durable. En outre, les défis actuels du développement durable demandent une interface solide entre recherche scientifique et politique ou projet de développement. Sur cette base, l’institut a mis en place le centre de recherche sur le développement durable et les innovations (CREID) ainsi que deux pôles de recherche, à savoir le pôle « société et développement durable » et le pôle « environnement et développement durable ».

Le projet pédagogique

Le dispositif pédagogique de l’Univ-Sud va développer à la fois des formations qualifiantes (programmes de renforcement des capacités des acteurs locaux et des travailleurs, développement de la créativité et de l’innovation) et des formations diplômantes (licences et masters) dans les domaines incluant le management pour un développement durable, l’entrepreneuriat durable, la sociologie du développement local, la sociologie de l’environnement, l’économie, les innovations. La formation à l’Univ-Sud va reposer sur des valeurs, sur des vertus et être capable d’induire un engagement des diplômés en faveur d’un développement durable des sociétés locales dans un contexte de globalisation. Le dispositif de formation s’appuie sur quatre piliers interdépendants : i) une approche pluridisciplinaire, mobilisant différents champs de connaissances (sciences sociales et humaines, sciences économiques, sciences du management, sciences juridiques, sciences de l’environnement, sciences de la communication, disciplines de la planification, de l’évaluation et de la prospective) ; ii) une formation orientée vers la professionnalisation des étudiants ; iii) une formation théorique améliorée grâce à une capitalisation des résultats de la recherche réalisée au sein de l’Univ-Sud ; iv) une place prépondérante pour les stages pratiques, l’immersion et l’expérimentation professionnelles ; v) une priorité accordée à l’innovation, à la créativité, au développement des capacités entrepreneuriales des apprenants et aux start up initiées par les étudiants en fin de formation.

Par ailleurs, l’Univ-Sud considère que la création de conditions adéquates pour un développement durable des sociétés contemporaines passe par le renforcement des compétences et des capacités des acteurs, impliqués ou désireux de prendre part à des processus de transformation de certains aspects de ces sociétés. Or, l’institut considère que les règles générales d’accès à la formation (systèmes éducatifs, enseignements techniques et professionnels, universités), indexées aux niveaux de scolarisation et aux diplômes, limitent fortement la diffusion des connaissances vers la grande majorité des acteurs, en milieu rural et en milieu urbain, et quels que soient les secteurs d’activité. En outre, les jeunes diplômés en sciences sociales, qui ne peuvent tous devenir enseignants ou chercheurs de métier, sont confrontés à la traduction directe de leurs compétences scientifiques en aptitudes techniques et professionnelles. Au regard de ces constats, l’Univ-Sud a décidé de construire un pont solide entre les connaissances théoriques, les résultats de la recherche scientifique et les acteurs qui agissent, décident au quotidien, transforment les sociétés, leurs ressources et leur environnement. La création du Center For Innovation and Capacity Building (CICAB) répond au souci de permettre à un plus grand nombre d’acteurs d’acquérir les savoir-faire, les ouvertures d’esprit, de s’imprégner des expériences positives et de découvrir la possibilité d’innover.  Plusieurs programmes de renforcement des capacités sont ainsi conçus pour répondre à ce besoin. Les formations sont de courte durée, largement accessibles et organisées sous forme d’ateliers interactifs et dynamiques.

Le projet social

Un des angles originaux sous lequel l’Univ-Sud veut apparaitre, est d’une part, de pouvoir susciter directement des interactions, des collaborations ou des complémentarités chez les acteurs du développement local ; et d’autre part, de créer un cadre d’échange d’expériences impliquant les chercheurs, les décideurs et acteurs de développement local. Le projet « synergie des acteurs locaux du développement » est un espace social de co-construction d’un développement durable par les acteurs. Sa phase pilote va être mise en place à partir des résultats de l’étude en cours à l’Univ-Sud, portant sur « les conditions d’utilisation des berges et ressources de la lagune ébrié dans la perspective d’un développement durable, dans les communes de Yopougon, Songon, Jacqueville, Dabou (Côte d’Ivoire) ».

L’idée de structurer (à travers l’Univ-Sud) un cadre novateur de réflexion, de formation et d’appui au développement durable repose également sur le fait que la conduite des processus de changement social et de transformation plus globale d’une société dans la perspective d’un développement durable repose sur une réponse toujours singulière, spécifique, contextualisée. Ainsi, l’originalité de l’Institut universitaire du Sud est de nourrir le lien entre les standards internationaux de développement durable et les réponses locales, par la recherche sur les contextes locaux et la formation des acteurs locaux de développement. Ce qui devrait faciliter l’opération­nalisation de solutions innovantes, pour un développement durable tenant compte des standards internationaux et des besoins spécifiques aux sociétés locales.

La revue Actes de la recherche sur le développement durable (ARDD) participe pleinement de cette ambition. Au nom de l’Univ-Sud, je félicite les responsables et l’équipe rédactionnelle de la revue, je les encourage à maintenir le cap afin d’en faire rapidement une revue de référence sur le thème du développement durable. Enfin, je dis merci à tous les auteurs et contributeurs de ce premier numéro.


Auteur / Author

Roch YAO GNABÉLI est professeur de sociologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire). Docteur de l’université de Cocody et de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, il est l’auteur de Les mutuelles de développement en Côte d’Ivoire. Idéologie de l’origine et modernisation villageoise (L’Harmattan-Paris, 2014), Retour sur l’objet de la sociologie. Du problème scientifique au projet pédagogique (L’HarmattanDakar, 2018) et a co-dirigé État, religions et genre en Afrique occidentale et centrale (Ed. Langaa, Cameroun, 2019). Ses travaux actuels portent sur les mécanismes sociologiques de transformation des structures sociales. Il est membre de l’Institut universitaire du Sud (Jacqueville, Côte d’Ivoire).

Roch YAO GBABÉLI is professor of sociology at the University Felix Houphouët-Boigny (Abidjan, Ivory Coast). He holds a doctorate of both the University of Cocody and the École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) in Paris. He is the author of Les mutuelles de développement en Côte d’Ivoire. Ideologie de l’origine et modernisation villageoise (L’Harmattan-Paris, 2014), Retour sur l’objet de la sociologie. Du problème scientifique au projet pédagogique (L’Harmattan-Dakar, 2018) and has co-edited State, religions and gender in West and Central Africa (Langaa, Cameroon, 2019). His current work focuses on the sociological mechanisms of transformation of social structures. He is a member of the Institut universitaire du Sud (Jacqueville, Côte d’Ivoire).